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Report du remboursement du PGE : quel est le futur de l’entrepreneuriat français ?

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Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, la Banque de France et la Fédération bancaire française ont signé un accord autorisant le recours à la médiation du crédit pour réaménager certains PGE. 

Ainsi, les entreprises ayant contractées un PGE et qui se trouvent aujourd’hui en difficulté pourront bénéficier d’un étalement du remboursement jusqu’à 10 ans (au lieu de 6 ans) et d’un report de six mois du début du remboursement du PGE à fin 2022. Le remboursement du PGE devait se faire à l’origine sur 5 ans après une année de franchise de remboursement, à des taux réglementés très bas. La poursuite de la crise sanitaire a fait prendre une mesure de décalage supplémentaire en accordant une année de franchise en plus mais sans allongé la durée de remboursement du PGE. C’est-à-dire que les entreprises doivent après cette nouvelle année de franchie rembourser leur PGE sur 4 ans.

Repousser le remboursement du PGE est-ce la solution ?

Si l’on considère un PGE maximum égal à 25% du chiffre d’affaires de l’entreprise, cela correspond à un remboursement annuel représentant 6,25% du chiffre d’affaires. Cela ne représente pas un chiffre d’affaires supplémentaire à trouver mais bien une trésorerie supplémentaire à générer soit une augmentation du résultat ! En effet, une entreprise qui disposait d’un résultat de 4% après impôt doit maintenant sortir 10%, si on considère l’impôt, même à 25%, cela représente un résultat avant impôt de plus de 13%. Ce qui devient très conséquent pour de nombreuses entreprises. 

Économiquement ces entreprises qui sortent déjà fragilisées par cette crise sanitaire, avec des perspectives d’activité chargées d’incertitude, le remboursement du PGE en 4 ans peut paraître un véritable pari.

Pour cette raison, allonger la durée de remboursement du PGE est une bonne mesure d’assainissement pour les entreprises et pas seulement pour les plus fragiles. Ainsi, même une entreprise en bonne santé, qui doit consacrer l’ensemble de son cash pour le remboursement d’une dette sur un temps court, obère sa capacité d’investissement.

Va-t-on vers des faillites en cascades avec un défaut de remboursement du PGE ?  

Le ministère de l’Économie estime un taux de défaut que de 3,8%. Pour remédier à cet état il donne la possibilité aux TPE, avec des PGE de moins de 50.000 €, de demander un étalement sur 10 ans du remboursement du PGE en s’adressant à la Médiation du Crédit. Il est étonnant de constater cette distorsion de traitement entre les entreprises. 

Ainsi, Bercy a mis en place, en plus, un Comité de sortie de crise pour les entreprises ayant bénéficié d’un PGE de plus de 50.000 €. Pour le moment, nous ne connaissons pas précisément les entreprises concernées et les modalités qui pourront en sortir. 

Il semble évident d’envisager des difficultés beaucoup plus profondes pour certaines structures. Il est certain que des mesures complémentaires devront être prises au cas par cas pour éviter des faillites plus nombreuses.

Prévoir et établir des prévisionnels de trésorerie pour les quatre années à venir sera la meilleure des alternatives. Cela permettra de vérifier la capacité réelle de l’entreprise à faire face à ses échéances et de lui permettre de prendre les devants si besoin. En dehors de ce que pourrait sortir le Comité de sortie de crise de Bercy, il pourra être nécessaire de prendre des dispositions spécifiques en ayant recours à des mandataires ad’hoc pour prévoir le rééchelonnement des dettes et éviter la cessation de paiement.

Des entreprises n’ont pas utilisé leur PGE, comment peuvent-elles l’utiliser pour se développer ou faut-il commencer à rembourser ? 

Les entreprises ayant la capacité de rembourser leur PGE sans mettre en péril leur trésorerie, ou qui ont conservé cette somme sans la dépenser, peuvent-elles l’utiliser maintenant ? Et comment ? 

Le PGE est pour l’instant un financement de moyen terme avec un horizon de remboursement de 4 à 5 ans en fonction des dates de souscription. Il faut rappeler que les entreprises peuvent toujours souscrire sous condition un PGE jusqu’au 30 juin 2022.

Un investissement s’entend plutôt sur du long terme (7 à 10 ans), avec une rentabilité et un cash positif sur un terme en général plus long que la durée actuelle du PGE. Il faut donc s’assurer de la faisabilité en matière de génération de trésorerie du remboursement d’un emprunt sur une durée plus courte. La question peut se poser pour les entreprises n’ayant pas encore souscrit de PGE et qui pourraient l’envisager dans ce cadre. L’avantage indéniable est effectivement un taux relativement bas, mais les taux actuels n’ont pas encore entamé une remontée trop forte, et une absence de demande de garantie, ce qui n’est souvent pas le cas avec un emprunt classique.

Tribune rédigée par Thierry Legrand, Associé, Membre du Comité Stratégique du groupe Exponens, Expert-comptable et Commissaire aux comptes

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