Alors que l’Asie centrale émerge progressivement comme un acteur incontournable sur l’échiquier géopolitique mondial, la France se trouve face à une opportunité à ne pas négliger. Le Kazakhstan, notamment, se dévoile comme un partenaire stratégique potentiel pour la France.
En 1993, le Président François Mitterrand fut le premier chef d’Etat européen à se rendre en visite officielle dans le Kazakhstan débarrassé du joug soviétique. Un voyage en grande pompe pour célébrer de durables fiançailles entre le Kazakhstan et la France.
Depuis, le pays est devenu un allié constant et fiable de la France, mais légèrement en marge des grands discours géopolitiques élaborés par Paris ces dernières années. Pourtant, l’Asie centrale est devenue en quelques années une zone stratégique, tant pour les entreprises que pour la diplomatie.
Le Kazakhstan, en particulier, se présente comme un partenaire idoine pour la France. Les relations entre les deux pays ont d’ailleurs été récemment renforcées par la visite du président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev en France en novembre dernier et par le récent voyage d’Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, au Kazakhstan.
Le Kazakhstan, un partenaire stratégique
D’abord, la France et le Kazakhstan entretiennent déjà des liens économiques denses, notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie, de l’agroalimentaire et des transports. Mais depuis plusieurs mois, Paris et Astana cherchent à étendre les secteurs de coopération pour collaborer aussi dans les domaines de la santé, de l’agriculture ou de la transition énergétique.
Le Kazakhstan, pays le plus prospère et le plus influent d’Asie centrale, se distingue aussi comme le premier exportateur mondial d’uranium, une ressource essentielle pour la France et son parc nucléaire. Si le Niger est le premier fournisseur français (avec 34,7 % des importations d’uranium en 2020), le Kazakhstan est le second plus grand fournisseur, représentant 28,9 % du précieux minerai importé. Une part en constante augmentation, de plus en plus indispensable, car la position de la France en Afrique de l’Ouest est de plus en plus délicate.
Un partenariat dans le domaine du nucléaire d’autant plus stratégique qu’Astana a aussi manifesté son intérêt pour la construction d’une centrale nucléaire, un domaine dans lequel la France possède une expertise reconnue au niveau mondial. En clair : la France a une carte à jouer.
Une opportunité diplomatique
Enfin, depuis plusieurs années, le Kazakhstan est en train de diversifier ses relations économiques et sécuritaires, cherchant des alternatives à la Russie. Cette politique « multivectorielle » offre à la France une opportunité précieuse de renforcer sa présence dans le pays, voire de devenir l’allié de référence d’Astana.
D’ailleurs, le Kazakhstan a pris des positions audacieuses en refusant de reconnaître l’indépendance des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk en Ukraine : une position diplomatique propice à un rapprochement avec l’UE. Ce qui n’empêche pas le Kazakhstan d’entretenir encore des relations cordiales avec son immense voisin russe, ce qui, à long terme, pourra représenter aussi un canal de communication et d’intermédiation entre Paris et Moscou.
Le Kazakhstan offre donc à la France une opportunité unique de renforcer sa présence en Asie centrale. Les perspectives de coopération économique sont importantes et naturelles, et la visite du président kazakh à Paris avait constitué un premier signe très fort de rapprochement. La France doit saisir cette opportunité pour renforcer ses liens avec le Kazakhstan et, plus largement, avec l’Asie centrale.