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Charbon : la France va relancer ses centrales en 2022 pour éviter la pénurie d’électricité

Table des matières

La centrale à charbon de Saint-Avold en Moselle sera redémarrée l’hiver prochain à cause de tensions sur le marché de l’énergie et de la situation en Ukraine. Mais cette nouvelle semble aller à l’encontre des promesses électorales et de la transition écologique déjà commencée. La question qui se pose est alors : pourquoi faut-il réactiver une centrale à charbon ?

Comment a-t-on exploité le charbon en France jusqu’à maintenant ?

Bien que l’usage soit très réduit, la France a toujours besoin de charbon. Ce dernier est employé comme comburant au sein des centrales à charbon. La chaleur dégagée est utilisée pour créer de la vapeur qui, elle, fait tourner une turbine dont la rotation génère de l’électricité.

En France, quatre centrales à charbon sont encore utilisées et produisent 0.4% de l’électricité Française (grandement dominée par le nucléaire : 86.8% selon EDF).

EDF en exploite encore deux : celle de Cordemais en Loire-Atlantique et celle du Havre en Seine-Maritime. Les deux autres appartiennent au groupe d’énergie allemand Uniper: Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône et Saint-Avold en Moselle.

Pour faire fonctionner ces centrales, la France fait importer son charbon : L’Australie et la Russie sont les fournisseurs en tête, avec chacun plus de 2 Mt, et, ensemble, représentent 60 % des importations totales. Elles sont suivies par les États-Unis (1,2 Mt), l’Afrique du Sud (0,8 Mt) et la Colombie (0,5 Mt)

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Bien que leur utilisation est minime, ces centrales sont surtout utilisées en hiver, lors de pics de consommation d’électricité, car facilement mobilisables. Elles permettent de répondre de faon rapide aux hausses ponctuelles de la demande en énergie.

Situation actuelle et mesures prises

Comme vous l’aurez lu précédemment, il n’est pas nouveau de réemployer une centrale à charbon, et plus précisément en hiver. Mais pourquoi manquons-nous d’électricité ?

Des raisons multiples au manque d’électricité

La première raison est géopolitique : Avec la guerre en Ukraine, la Russie a déjà réduit ses livraisons en réponse aux sanctions prises par l’Union Européenne (UE). Concernant l’UE, la Russie est le premier fournisseur de gaz naturel. Environ 47% du gaz naturel utilisé dans les pays membres provenait de Russie au premier semestre 2021. Certains pays, comme la Suède ou la Pologne, achètent même plus de 50% de leur gaz au pays de Vladimir Poutine. En Allemagne, près de deux tiers du gaz naturel est livré par Moscou. Pour d’autres pays, comme l’Autriche, la République Tchèque ou encore la Roumanie, ce chiffre monte à plus de 75%. En Finlande, la quasi-totalité du gaz en circulation est russe.

En France, notre consommation de gaz dépend des importations d’autres pays à 99%. Concernant la production d’électricité, le gaz représente une part à hauteur de 1.7% dont 17% fourni par la Russie. La France est un des pays de l’UE qui dépend le moins de la Russie concernant son approvisionnement en gaz. Son premier fournisseur est la Norvège, qui représente plus du tiers des importations, la Russie est deuxième. Mais cette situation, propre à la France, est une exception au sein de l’Europe qui elle, craint une coupure de livraison de gaz russe. Cette exception française concerne également d’autres pays d’Europe de l’Ouest comme l’Espagne et le Portugal.

Cette source d’énergie n’étant plus disponible, la production d’énergie risque de baisser et doit être modifiée. La guerre n’est pas le seul facteur aggravant de notre baisse de disponibilité d’énergie en France. La situation des centrales nucléaires est aussi préoccupante.

Les centrales produisant de l’énergie électrique, qu’elles soient nucléaires ou qu’elles fonctionnent avec des sources d’énergie fossile (fuel, gaz et charbon), ont été confrontées à des difficultés de refroidissement. Utilisant à cet effet l’eau de la mer ou des fleuves, leurs rejets dans ces derniers en augmentent la température. Elles font donc l’objet de réglementations, des seuils de température maximum des rejets ayant été fixés afin d’éviter que ceux-ci aient un impact sur l’écosystème. Or, la période de canicule qu’a traversée notre pays était si intense que les températures des fleuves ont atteint des niveaux extrêmement élevés. Ainsi, du fait des contraintes environnementales figurant dans les arrêtés de rejets, un manque potentiel de production des centrales thermiques a été identifié.

Du fait de la température trop élevée de l’eau utilisée comme refroidissement, les centrales ne peuvent plus fonctionner au maximum de leurs capacités.

A cette situation s’ajoute également la maintenance des sites nucléaires. L’été est devenu la période de maintenance de ces sites, période durant laquelle le besoin d’énergie est moindre. Concrètement, certains sites fonctionnent à bas régime ou sont arrêtés, diminuant la capacité de production totale du parc nucléaire français. Par ailleurs, les travaux structurels pour prolonger la durée de vie des centrales nucléaires françaises empêchent aujourd’hui près de la moitié des réacteurs français de produire de l’électricité.

A cause de ces multiples raisons, la France se retrouve en situation de précarité énergétique. C’est dans cette optique que la centrale à charbon de Saint-Avold pourra être relancée cet hiver.

Le relancement de la centrale de Saint-Avold

Les Européens craignent de manquer d’énergie. Pour limiter au maximum les coupures d’électricité, l’Allemagne et l’Autriche ont annoncé la relance des centrales à charbon mises en sommeil. Les Pays-Bas ont modifié une loi adoptée cinq mois auparavant, qui limitait le fonctionnement des centrales à charbon à 35% de leur capacité. De notre côté, la France a confirmé, dimanche 24 juin, qu’elle prévoyait de relancer l’une de ses centrales à charbon, en Moselle, pour l’hiver prochain. De nombreux autres pays membres ont admis, à contrecœur, de garder la possibilité de recourir si besoin au charbon. Pour la plupart, cette décision est en contradiction avec leurs engagements en faveur d’une diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Concernant la centrale de Saint-Avold, la centrale est fermée depuis le 31 mars dernier après 71 ans d’activité, conformément à la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui vise à rendre la France « neutre en carbone » d’ici 2050. Cependant, le gouvernement avait considéré qu’elle pouvait être redémarrée ponctuellement pour sécuriser l’approvisionnement du pays en électricité.

Selon ce dernier :

La remettre en marche serait une mesure provisoire qui resterait « En-dessous d’1% d’électricité produite par le charbon ». « un décret va être mis en consultation pour organiser cette possibilité d’un fonctionnement l’hiver prochain ». Il comprendra des « contreparties environnementales » car ce redémarrage doit être neutre pour l’environnement, l’exploitant s’engageant sur « des projets de reforestation par exemple », selon le ministère de la transition écologique.

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