Pour diversifier son économie et la détacher du pétrole, l’Arabie saoudite veut s’ouvrir au monde des affaires en accueillant davantage d’investisseurs internationaux. C’est dans cette optique que le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) a annoncé, jeudi 13 avril dernier, la création de quatre zones économiques spéciales offrant diverses opportunités aux investisseurs étrangers.
Plan Vision 2030 pour rendre l’économie saoudienne moins dépendante du pétrole
Avec son Plan Vision 2030, l’Arabie saoudite veut faire de l’investissement un pilier de sa croissance économique, afin de diversifier son économie et la préparer à l’après pétrole. Lancé en 2016 par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), ce programme de réformes économiques vise à attirer des investisseurs internationaux.
C’est dans le cadre de ce plan que MBS a annoncé jeudi 13 avril 2023 la création de quatre zones économiques spéciales (SEZ), situées à Ryad, Jazan, Ras Al-Khair et King Abdullah Economic City (KAEC), dont l’objectif est d’ouvrir de nouvelles opportunités aux investisseurs étrangers. « L’Arabie saoudite est ouverte aux affaires et accueille les investisseurs du monde entier pour voir de première main les opportunités historiques que nous avons à offrir. Les nouvelles zones économiques spéciales lancées aujourd’hui auront un impact significatif sur la façon dont les affaires sont menées dans le pays, créeront des dizaines de milliers d’emplois et contribueront à hauteur de milliards de riyals à notre produit intérieur brut », a déclaré le prince héritier.
Zones économiques spéciales pour attirer les investissements étrangers en Arabie Saoudite
D’après l’Agence de presse saoudienne officielle (SPA), les quatre zones permettront de créer de nouveaux pôles de travail dans des secteurs de croissance clés. Les entreprises souhaitant opérer dans les SEZ bénéficieront de taux d’imposition des sociétés réduits, avec une exonération des droits de douanes sur certains produits : les intrants de production, les machines ou encore les matières premières. Autre nouveauté : les entreprises étrangères peuvent être propriétaires à 100% de leur structure. Les zones économiques spéciales doivent offrir des opportunités pour développer l’économie locale et localiser les chaînes d’approvisionnement.
Selon le gouvernement d’Arabie Saoudite, en capitalisant sur leur position au cœur des routes commerciales internationales, au carrefour entre l’Est et l’Ouest, les SEZ doivent également aider l’Arabie saoudite à devenir une destination d’investissement mondiale et une plaque tournante essentielle pour les chaînes d’approvisionnement.
« Grâce à un programme détaillé de réglementations et d’incitations, les zones offriront des avantages gratifiants et attractifs aux investisseurs étrangers. Le programme permettra également d’accélérer les réformes nécessaires pour faciliter les affaires dans toutes les régions du royaume », a précisé la SPA. Les quatre SEZ s’appuient sur les précédentes initiatives de zones franches en Arabie saoudite, comme le lancement d’une zone spéciale dédiée à la logistique dans l’aéroport international King Salman de Ryad.
« Ensemble, elles représentent la première phase d’un programme majeur à long terme conçu pour encourager les investissements directs étrangers, attirer les professionnels les plus talentueux du monde entier, promouvoir l’entrepreneuriat et le développement économique au sein du royaume », a déclaré le gouvernement.
Réglementées par l’Autorité des villes et des zones spéciales, les SEZ apporteront des solutions aux entreprises confrontées à des défis concernant la localisation et le renforcement de leurs chaînes d’approvisionnement. Elles aideront aussi l’Arabie saoudite à tirer parti des changements macroéconomiques majeurs, à créer un environnement d’affaires idéal ou à activer de nouveaux secteurs et chaînes de valeur.
Incitations fiscales pour les sociétés étrangères qui s’installent en Arabie Saoudite
« C’est un moment passionnant. Nous sommes fiers de voir le lancement de ces quatre zones économiques spéciales qui offrent la possibilité aux investisseurs étrangers de participer à l’économie à la croissance la plus rapide au monde », a déclaré le ministre saoudien de l’Investissement et président de l’Autorité des villes économiques et des zones spéciales Khalid Al-Falih.
« Avec des incitations financières extrêmement attrayantes, des infrastructures de classe mondiale, des réglementations favorables aux entreprises et des procédures simplifiées pour les investisseurs, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour travailler en Arabie saoudite. Les zones deviendront des moteurs de croissance, augmentant la compétitivité à l’exportation du royaume, attirant les talents, stimulant la technologie et améliorant nos liens mondiaux », a affirmé le secrétaire général de l’autorité M. Nabil Khoja. Géographiquement définies, les quatre zones économiques spéciales couvrent un large éventail d’industries pouvant notamment bénéficier à des entreprises ou investisseurs français.
King Abdullah Economic City : logistique et industrie
King Adbullah Economic City (KAEC) SEZ se veut être le lieu de la fabrication, de la logistique de pointe, de la chaîne d’approvisionnement, de l’assemblage automobiles, des biens de consommation, des TIC ou encore des technologies médicales.
Situé aux abords de la mer Rouge, à 90 minutes de l’aéroport de Djeddah, le site de 60 km2 offre un accès optimal aux routes commerciales mondiales via le port du roi Abdallah. L’un des leaders de l’industrie mondiale des véhicules électriques, Lucid, y produira 150 000 véhicules par an. Les grands industriels français spécialisés dans l’automobile (Peugeot, Renault…), et autres investisseurs de la tech pourraient s’installer dans la King Adbullah Economic City SEZ.
Jasan SEZ : industrie et commerce entre Asie et Afrique
Jazan SEZ est quant à elle un centre industriel et une plateforme clé pour le commerce avec des marchés porteurs en Asie et en Afrique. Le site offre un accès direct au plus grand port de la région pour l’importation de matériaux et l’exportation de marchandises.
La facilité d’accès aux ressources naturelles et industrielles aident les investisseurs à contribuer à des projets d’infrastructures en Arabie saoudite et dans le monde. Localisée dans la région fertile du sud-ouest du royaume, Jazan pourra fabriquer, transformer et distribuer des produits alimentaires. Un atout lui permettant de répondre à la demande régionale et de relever les défis de sécurité alimentaire dans toute la région. Ce site pourrait profiter aux entreprises et investisseurs français exerçant dans l’import/export ou dans la grande distribution alimentaire.
Ras Al-Khair : pôle de la construction navale
Pensée comme une rampe de lancement sur le golfe Persique pour les poids lourds de l’industrie maritime, Ras Al-Khair SEZ compte un vaste réseau d’investisseurs (40% de la zone est déjà réservée). Cet écosystème marin entièrement intégré offre de multiples opportunités dans la construction et la réparation navales, le forage en mer et les chaînes de valeur maritimes. Les grands industriels français du secteur maritime, comme Naval Group, SPBI ou les Chantiers de l’Atlantique, ont ainsi la possibilité d’investir dans cette SEZ.
Cloud Computing SEZ pour les technologies numériques
Enfin, la Cloud Computing SEZ, située dans le King Abdulaziz City for Science and Technology (KACST), servira de plaque tournante pour les technologies émergentes ou perturbatrices. La zone s’inscrit dans la politique « Cloud First » de l’Arabie saoudite consistant à accélérer sur l’innovation numérique et sur le secteur technologique.
Elle est conçue sur un modèle hybride inédit permettant aux investisseurs d’établir des centres de données physiques et une infrastructure de cloud computing à divers endroits du pays. Bon nombre d’ESN (Entreprises de Services du Numérique) françaises comme Capgemini, IBM France, SCC, Atos ou Sopra Steria, peuvent bénéficier du site pour renforcer leurs activités.