Nichée au cœur de l’Afrique de l’Ouest, la République de Guinée est une terre de contrastes, où une richesse minérale incommensurable côtoie des défis économiques et sociaux de taille. Le fer, la bauxite et l’or, ces trois joyaux de son sous-sol, sont autant de promesses de prospérité que de casse-têtes pour les décideurs.
Simandou : le titan de fer aux pieds d’argile
Le mont Simandou, majestueusement surnommé « la montagne de fer », est un géant endormi qui recèle le plus grand gisement de fer d’Afrique. Les réserves de Simandou, estimées à une impressionnante quantité de 8 milliards de tonnes de minerai de fer, sont un trésor national qui pourrait transformer l’économie de la Guinée. L’objectif de Conakry est de produire 100 millions de tonnes de fer par an dès 2025, le tout générant des revenus espérés à 15 milliards de dollars sur 25 ans pour la partie Simandou Nord.
Le projet Simandou est un puzzle complexe, divisé en deux parties principales : Simandou Nord, orchestré par un consortium d’entreprises chinoises, singapouriennes et guinéennes, et Simandou Sud, principalement sous l’égide du géant minier anglo-australien Rio Tinto. L’enjeu principal du projet est la construction d’un chemin de fer de 670 km, d’un coût colossal de 15 milliards de dollars, qui reliera le site d’extraction au port en eau profonde de Forécariah pour l’exportation du minerai.
Les autorités guinéennes, pleines d’espoir, envisagent donc d’exporter les premières quantités de fer en 2025. Cependant, ce rêve pourrait être retardé tant que les groupes miniers n’auront pas financé le chemin de fer, un défi de taille qui pourrait ralentir la progression du projet.
Transformation de la bauxite : une promesse en attente de réalisation
La Guinée, dotée des plus importantes réserves mondiales de bauxite – l’une des matières premières nécessaires à la fabrication de l’aluminium – , avec une estimation de 7,4 milliards de tonnes, est un acteur majeur sur l’échiquier mondial de ce minerai. Cependant, une infime partie est aujourd’hui traitée sur place et en avril 2022, les autorités guinéennes avaient lancé un ultimatum aux entreprises minières du secteur de la bauxite : elles étaient sommées de construire des raffineries d’alumine.
Un an après, une seule usine produit de l’alumine dans le pays, celle de Fria, un vestige des années 1960. Le projet le plus avancé est celui d’Alteo UMS-SMB, dont la pose de la première pierre de la raffinerie est prévue pour début novembre. Cependant, la mise en œuvre de ces raffineries risque de prendre du temps, notamment en raison des défis liés à l’énergie, à la formation du personnel et au financement.
L’or : une clé de voûte de l’économie guinéenne
Enfin, le secteur aurifère est l’une des principales ressources économiques de la Guinée, avec 700 tonnes d’or en réserve dans le sol du pays selon les estimations. Mais contrairement à la bauxite, le secteur aurifère est en grande partie exploité par une myriade d’acteurs locaux : deux gigantesques groupes miniers chinois dans l’exploitation de la bauxite, contre 300 entreprises dans l’or, très majoritairement guinéennes.
Un secteur minier aurifère dont les retombées sociales sont donc plus importantes que pour la bauxite et le fer, l’essentiel de la richesse produite étant réinjectées dans l’économie guinéenne. Un cercle vertueux en partie mis en place par l’UNOG, « l’Union Nationale des Orpailleurs Guinéens », véritable fédération professionnelle de tout le secteur de l’or dans le pays. Présidée par Tidiane Koita, un propriétaire de mines, l’association a considérablement professionnalisé et encadré le secteur de l’or en Guinée.
Car en 2021, c’est une ambiance de « ruée vers l’or » qui secoue l’est du pays, avec des milliers de guinéens – mais aussi de maliens ou d’ivoiriens – qui tentent leur chance et multiplient les forages sauvages. Une situation qui frise le chaos social et environnemental, rapidement rétablie par les pouvoirs publics et l’UNOG de Tidiane Koita en créant un cadastre, en imposant un enregistrement administratif systématique de toutes les installation et imposant un respect du droit minier. Un tour de force établis en quelques mois, qui permet à la Guinée de maîtriser efficacement son secteur de l’or. Prochaine étape désormais : comme pour la bauxite, le précieux minerai doit être transformé sur place pour améliorer la richesse produite et augmenter la valeur des exportations. Un défi pour la Guinée.