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Gilles Réguillon : « Chamatex est aujourd’hui positionné du fil au produit fini »

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Nous avons interrogé Gilles Réguillon, le président du groupe Chamatex. Ce cadre dirigeant de l’entreprise a intégré Chamatex en 2006, puis a racheté l’entreprise en 2011. Depuis, Gilles Réguillon a multiplié les rachats d’entreprises régionales pour constituer un groupe français à la pointe de l’innovation en matière de textile technique. Pour Refrance, il a accepté de parler de la situation du groupe, et de ses projets à venir.

Refrance : En 2002, Chamatex a créé le département textile technique, qui est aujourd’hui la spécialité absolue de l’entreprise. Mais, auparavant, que faisait Chamatex ?

Gilles Réguillon : Auparavant, Chamatex était positionné sur le marché de l’habillement, qui, malheureusement, s’est écroulé avec l’ouverture des frontières à la Chine début 2000. Chamatex était avant les années 2000 très bien positionnée sur différents marchés. Suite à la décroissance du marché de l’habillement, la société était en perte de vitesse. Je suis arrivée en 2006 pour doper le tissu technique, développer l’export, choses que j’ai faites. Et j’ai racheté en 2011 l’entreprise, qui faisait alors 7 millions d’euros de chiffre d’affaires. [NDLR : l’entreprise a dépassé les 40 millions d’euros de CA en 2020]

La croissance est alimentée par deux axes. D’abord, il y a la croissance organique basée sur l’innovation.Avec par exemple les combinaisons de pilote, sur lesquelles nous sommes leader mondial. D’ailleurs, ce sont nos équipes qui ont fabriqué le tissu utilisé dans la combinaison de Romain Grosjean qui lui a sauvé la vie. Et, une seconde illustration avec par exemple le tissu Matryx, qui compose le dessus des chaussures de sport, ce qu’on appelle la tige.

C’est nous qui avions fabriqué le tissu pour la combinaison de Romain Grosjean qui lui a sauvé la vie

Gilles Réguillon – Président de Chamatex

Ensuite, il y a la croissance externe. Nous avons un projet très important en 2022 pour compléter notre capacité à délivrer des solutions textiles pour nos clients. Aujourd’hui, on est positionné du fil au produit fini. On essaie d’avoir un panel de solutions qui permette de répondre à tous les besoins. Il nous manque encore une corde à notre arc, nous avons stratégiquement ciblé une société en Rhône-Alpes avec qui les échanges avancent très bien.

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Refrance : Vous investissez 5% de votre chiffre d’affaires en Recherche et Développement, est-ce exceptionnel ? Ou comptez-vous investir autant dans la durée ?

Gilles Réguillon : C’est dans la durée. C’est une obligation aujourd’hui si on veut continuer à avoir une position de leader sur certains secteurs. On est obligé de consacrer énormément d’efforts sur la R&D. Que ce soit sur des programmes d’innovation, ou sur des effectifs R&D. Depuis 2021, nous avons même une responsable innovation. Ce qui est important pour une petite structure comme Chamatex. On est sur un marché mondial : on a des concurrents français, européens, asiatiques et américains. Si on ne sait pas se différencier avec des services et des produits qui apportent une réelle valeur ajoutée, on est voué à mourir sur ce marché concurrentiel du textile.

Refrance : Aujourd’hui, le groupe Chamatex, c’est 6 sites industriels. Sont-ils tous basés en région Rhône-Alpes ?

Gilles Réguillon : Oui, aujourd’hui, nos 6 sites sont tous en Rhône-Alpes. C’est vraiment le coeur de notre activité. On y a mis les moyens, la R&D, les investissements industriels aussi. Aujourd’hui, nous possédons également un bureau en Hollande, pour pouvoir délivrer le marché européen de l’ameublement, et un bureau à Hô-Chi-Minh au Vietnam, pour pouvoir délivrer le marché de la chaussure au Vietnam.

Aujourd’hui, on livre au Vietnam mais dans les projets 2022, nous avons deux projets d’extension à l’international. On a un projet pour fabriquer du textile en Asie pour délivrer le marché asiatique « local to local« . On a aussi un projet d’ouverture de TopTex en Tunisie. Nous voulons être capables d’avoir des unités de production dans des zones qui répondent aux besoins des clients. Soit en termes de proximité, soit en termes de coûts.

Sur ASF 4.0, nous voulons atteindre 1 million de paires de chaussures par an

Gilles Réguillon – Président de Chamatex

Par ailleurs, nous sommes en train de transformer nos prises de participation minoritaires dans les entités Moulinage de la Volane et Teintures des Cèdres en prises de participation majoritaires. Parce qu’on est les chargeurs principaux [NDLR : clients principaux] de ces deux structures. Il y a des sociétés qui font du business et des sociétés qui fabriquent. Le groupe est constitué de différentes entités qui fabriquent et qui vendent. En l’occurrence, Teintures des Cèdres et Moulinage de la Volane sont deux structures qui fabriquent.

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Refrance : Récemment, vous avez lancé le très médiatisé projet ASF 4.0, comment vous voyez l’avenir de ce site ?

Gilles Réguillon : Aujourd’hui, Salomon est notre client principal. Et derrière, nous avons Babolat et Millet qui entrent l’année prochaine. Ces trois sociétés sont actionnaires d’ASF 4.0. D’autres marques viendront s’ajouter, mais nous savons déjà que notre capacité est full pour les 4 à 5 années à venir. ASF est vraiment une entité à part, dans laquelle Chamatex Groupe a 59% du capital. Les marques ont 15% du capital, et on a des fonds d’investissement à nos côtés.

Pour répondre à votre question également, on a en projet une extension de cette usine pour étendre sa capacité et se rapprocher à terme, à 4-5 ans d’un million de paires de chaussures par an.

Refrance : Sur l’actionnariat, quelle est la structure du capital ? Êtes-vous l’actionnaire majoritaire ?

Gilles Réguillon : Aujourd’hui, il y a trois blocs. Il y a un bloc holding [NDLR : la holding de Gilles Réguillon et celle de son directeur général] , un deuxième bloc de financiers dans lequel il y a la BPI et Etoile Capital. Il y a également une société qui s’appelle Mancham, qui est la société des managers de Chamatex. Je propose à mes cadres dirigeants d’entrer au capital de la société. Je reste cependant l’actionnaire majoritaire.

Récemment, un directeur général et une directrice générale sont entrés au capital du groupe : Julian Dykiert qui, via sa holding Mahje, est en train d’entrer à hauteur de 8% au capital. Je lui ai cédé des parts. Deuxièmement, Lucie André, qui est ma compagne, partage avec moi le capital de ma société GRH [NDLR : GRH est un acronyme pour Gilles Réguillon Holding] . Julian Dykiert et Lucie André composent l’équipe de direction générale à mes côtes au niveau de Chamatex Group.

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Refrance : Est-ce qu’avec votre holding, vous avez d’autres prises de participation dans des sociétés qui ne sont pas membres du groupe ?

Gilles Réguillon : Non. Uniquement des SCI qui portent des bâtiments et des projets. Mais, je n’ai pas d’activité hors Chamatex.

Refrance : Dernière question, Gilles Reguillon, par rapport à l’énergie, vous êtes une entreprise qui utilise pas mal d’énergie. Comment gérez-vous la hausse globale des prix de l’énergie ? Et enfin, comment affrontez-vous le contexte de réchauffement climatique ?

Gilles Réguillon : C’est assez compliqué, mais nous sommes tous à la même enseigne. Le prix des matières premières explose, le prix de l’énergie explose. On est dans l’obligation d’appliquer des hausses à nos clients, qui ne les comprennent pas forcément. C’est toujours un équilibre à trouver entre ne pas travailler pour rien, garder la confiance des clients. J’ai peur qu’en 2022, on perde quelques points de marge. Parce que les hausses sont un peu terribles dans tous les sens. Il faut arriver à garder un équilibre entre confiance des clients, marges correctes pour nous-mêmes.

Après, concernant la démarche développement durable, nous ça fait 10 ans qu’on travaille les polyesters recyclés. On a des panneaux solaires sur notre usine. On investit dans des systèmes qui récupèrent l’énergie de nos compresseurs de métiers à tisser pour chauffer l’hiver.

Et surtout, pour ce qui est de la démarche RSE, je ne cesse de croire en l’industrie, de mettre des projets en place. Que ce soient des projets organiques ou des projets de croissance externe. On est passé de 40 salariés en 2011 quand j’ai repris la société à 240 aujourd’hui. Donc, j’ai envie de dire que c’est à travers ça que le groupe démontre encore le plus sa valeur RSE : on génère des emplois, on les consolide, et il y a quand même 240 fiches de paie qui partent et qui font vivre des familles. Sans compter les sous-traitants. C’est à travers ça que je trouve qu’il y a le plus de noblesse dans ce qu’on fait !

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