Drones maritimes : vers un recours accru à ce type d’armement

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Le 27 septembre dernier, la rédaction de Refrance assistait à la première édition des Rencontres Stratégiques de la Méditerranée à Toulon. Au programme, une dizaine de conférences sur la géopolitique et les grandes tendances en matière de défense et d’armement. Nous avons notamment assisté à une conférence sur les drones maritimes et leur évolution possible. Celle-ci s’intitulait « Mécanisation et déshumanisation des systèmes d’armes ». A ce moment précis, dans l’assistance, personne ne savait encore que des fuites venaient d’avoir lieu sur les gazoducs Nord Stram et Nord Stream 2, probablement du fait de drones sous-marins. Récit.

Vers une augmentation des capacités opérationnelles navales de la France grâce aux drones maritimes

Pour Eric Papin, Directeur technique et Innovation chez Naval Group, les drones maritimes doivent permettre une augmentation des capacités opérationnelles et navales de la France. Ce spécialiste de la question a commencé son exposé en présentant tous les deux types de drones marins existant : les drones de surface et les drones sous-marins, typologie que l’on peut aussi envisager avec drones organiques et drones océaniques.

Aujourd’hui, les perspectives en matière d’usage militaire des drones maritimes sont potentiellement infinies. Les recherches actuelles portent sur des drones maritimes en essaim, mais aussi sur des drones solitaires, sur des drones dédiés à la « guerre des mines ». Ce dernier usage consiste à utiliser des drones pour déposer (ou enlever) des mines dans l’eau, afin de protéger le plus possible les vies humaines, et faire porter le risque d’explosion sur la technologie. Enfin, les drones maritimes peuvent aussi être envisagés dans une perspective ISR : intelligence, surveillance et recherche.

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La question de l’automatisation des drones techniques

Lionel Collot, Naval Strategy Director, chez le groupe Thalès (branche défense) a centré son propos sur les défis à venir pour assurer l’essor des drones maritimes. Il est revenu sur les principales thématiques de recherche de Thalès actuellement.

Automatisation des drones océaniques

Le premier défi est celui de l’automatisation. C’est un développement naturel des drones avec de plus en plus de missions océaniques (en haute mer, loin de leur port d’attache) pour ces engins qui peuvent parfois atteindre la taille d’un vaisseau. Mais, avec une autonomie de plus en plus grande : comment récupérer ces engins au large en cas d’avarie ? Actuellement, dans l’espace, certains satellites arrivent à s’auto-dépanner. Mais, pour M. Collot, l’environnement marin est beaucoup plus agressif que l’environnement spatial en raison des courants. Va-t-on développer des drones portes-drones destinés à récupérer d’autres engins ?

Entre miniaturisation et augmentation de la charge utile des drones maritimes

M. Collot pose aussi la question de la miniaturisation des drones marins. Dans une logique de les rendre indétectables, on tend à une miniaturisation des engins. Seulement, dans le même temps, les ingénieurs souhaitent augmenter la charge utile des drones.

C’est un débat qui devrait être tranché au cas par cas, car selon les experts, il y aura toute une palette de drones maritimes : des plus petits, à vocation ISR (intelligence, surveillance, recherche) aux plus grands vaisseaux à des vocations plus offensives.

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Quelle intégration des drones maritimes à la Marine Nationale ?

Ensuite, se pose la question de l’intégration des drones dans la Marine Nationale : va-t-on vers des bataillons entièrement motorisés ? Ou ces vaisseaux vont-ils être intégrés progressivement à chaque unité ? Néanmoins, on imagine assez bien des drones marins s’intégrer autour de la défense de nos croiseurs, voire même pour la protection sous-marine de notre porte-avions. Par ailleurs, on ne sait pas vraiment si certains drones maritimes sont déjà en utilisation pour des questions de défense ou si nous en sommes à l’état de projet. Est-ce que ces engins font déjà partie des moyens de la marine nationale ?

Enfin, comment ces drones marins de plus en plus grands vont-ils être compatibles avec le trafic maritime mondial. Comment mettre en place des solutions d’évitement face aux navires militaires étrangers et aux navires commerciaux ? Est-ce que l’intelligence artificielle peut permettre au drone de faire la différence entre ces deux types de vaisseaux pour éviter la collision ?

Est-ce que les forces navales françaises vont pouvoir compter à moyen terme sur ce type de technologie ? Est-ce que les drones maritimes vont rejoindre une flotte de combat ? Ou bien sont-ils destinés à un usage de surveillance de base navale ? Va-t-on les utiliser pour s’entraîner à l’Ecole Navale ? Peut-on imaginer des efforts combinés hommes / drones avec des drones marins porte-hélicoptères ?

Ou des drones maritimes en couverture de sous-marins lanceurs d’engins ? Connaitra-t-on un jour des drones à propulsion nucléaire ? Ce sont autant de questions qui se posent tant les potentialités de ces drones maritimes semblent infinies. Ce qui est certain, c’est que l’armée française (à commencer par la Marine Nationale) et les grands groupes industriels de la défense (Safran, Dassault, Naval Group, Thalès) travaillent sur le sujet.

Le risque de piratage des drones maritimes

Si ce n’est pas le cas, cela signifie qu’il faut une télétransmission de données (par satellite ou par un autre réseau). Et dans ce cas, le drone maritime s’expose au risque de piratage. Pour faire face à toutes ces questions, Eric Papin a expliqué que Naval Group a décidé de faire des tests grandeur nature en construisant des essaims de drone maritimes, avec la logique d’adapter les navires aux nouveaux comportements agressifs possibles car « les drones repoussent les limites de l’imagination ».

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Enfin, contrairement aux idées reçues, les pays les plus avancés en matière de drones aériens ne sont pas ceux que l’on pense. Il s’agit d’Israël (premiers drones militaires opérationnels en 1960), l’Egypte, la Turquie et l’Iran, avec une dissémination bien avancée vers le Qatar et les Emirats-Arabes-Unis. Néanmoins, nos experts ont évoqué en ce qui concerne les drones marins un risque de « dissémination technologique » moins élevé. En effet, le ticket d’entrée en R&D et pour la fabrication d’un tel engin est beaucoup plus élevé que pour les drones aériens.

Le chercheur Frédéric Coste, lui aussi présent à cette table ronde, a relativisé les progrès technologiques que représentent les drones dans la mécanisation des armées modernes : « Le développement des drones ne fait pas varier le principe même de la guerre, qui reste la capacité de l’homme à envoyer une pierre plus loin que ce que ne le peut son adversaire ».

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