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Les GAFAM doivent-ils soutenir financièrement le développement des réseaux de télécommunication ?

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Toujours plus connectés. La consommation en données 4G des Européens est en constante augmentation depuis dix ans. Les infrastructures télécom doivent donc s’adapter pour proposer aux consommateurs une bande passante à la hauteur. Déployer un réseau sécurisé performant a toutefois un coût : 300 milliards d’euros, selon les opérateurs de télécommunication. Les GAFAM, principaux consommateurs en bande passante, devraient-ils mettre la main au portefeuille pour financer les réseaux télécom ? La Commission européenne y pense et envisage une « juste contribution » des géants du numérique.

Internet est partout en Europe, et son utilisation fait aujourd’hui partie du quotidien de millions d’Européens. Par conséquent, la consommation en données 4G depuis les réseaux mobiles ne cesse de croître. Les opérateurs ont déjà déboursé 500 milliards d’euros ces dix dernières années pour développer leurs réseaux de télécommunication fixes et mobiles, avec, entre autres, l’apparition du FTTH et de la 5G.

Cette somme n’est toutefois pas suffisante d’après l’opérateur de technologies digitales pour les entreprises Hub One. « Les opérateurs de télécommunication estiment à près de 300 milliards d’euros les investissements supplémentaires à réaliser dans les prochaines années pour adapter les réseaux. Ces investissements privés sont nécessaires pour s’adapter à la hausse croissante du trafic de données consommées sur les réseaux mobiles pour partager des photos/vidéos, regarder des vidéos en ligne, jouer en ligne… ».

Et si les GAFAM payaient ?

Face aux montants exorbitants que doivent débourser les opérateurs, une question est posée : pourquoi ne pas faire payer les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et Netflix, qui représentent à eux seuls 55% du trafic en ligne l’an passé ? Pour rappel, les usages multimédias, applications et réseaux sociaux qu’ils proposent sont à l’origine de l’explosion de la consommation de data sur les réseaux mobiles.

Ce n’est pourtant pas les moyens qui manquent puisque les GAFAM et Netflix ont réalisé en 2021 un chiffre d’affaires cumulés de 1,350 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 300 milliards. Les six sociétés affichent une croissance comprise entre 43% et 98%. Elles ont donc les ressources pour soutenir le déploiement de la fibre et de la 5G sur le vieux continent.

La Commission Européenne s’interroge

C’est la raison pour laquelle la Commission européenne, soutenue par les opérateurs télécom, envisage de serrer la vis sur les poids lourds du numérique. « Il y a une question que nous devons considérer avec beaucoup d’attention, c’est celle de la juste contribution aux réseaux de télécommunications »a affirmé sa vice-présidente Margrethe Vestager

L’institution européenne ambitionne même d’introduire des surcoûts d’accès aux réseaux pour les GAFAN, en fonction de la consommation de la bande passante. Des mesures qui suscitent de nombreuses interrogations de la part des acteurs du secteur : L’Europe est-elle réellement capable de taxer ces montagnes du numérique ? Une régulation est-elle envisageable ? Peut-on vraiment pénaliser ceux qui ne veulent pas mettre la main à la poche ? 

D’après Hub One, la question est loin d’être tranchée. « Elle sera au cœur des débats lors des prochaines commissions européennes, d’autant qu’elle touche du doigt la notion même de neutralité du web (principe d’égalité de traitement et d’accès des contenus en ligne) ». En effet, faire participer les GAFAN à l’entretien des réseaux télécom entraîne le risque que ces derniers exigent des compensations auprès des opérateurs télécoms.

« C’est certainement ça qui va se passer : il y aura des gens ordinaires qui ne payeront pas, dont les services seront lents, et d’autres qui auront les moyens et qui auront un accès privilégié. C’est clairement une menace pour la neutralité du net, sous couvert de justice », a expliqué à l’AFP Stéphane Bortzmeyer, informaticien français spécialiste des réseaux informatiques.

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