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Energies fossiles : le désinvestissement n’affecte pas la rentabilité boursière

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Dans un objectif de lutte contre le réchauffement climatique, un mouvement de désinvestissement dans les énergies fossiles a vu le jour sur les campus américains depuis 2010, et est désormais mondial. Les entreprises impliquées dans l’extraction de combustibles fossiles, dont les plus importantes étaient en 2013 à l’origine d’environ les deux tiers des émissions mondiales de CO2, font aujourd’hui face à un mouvement grandissant de désinvestissement dans leurs activités. Le but de cette stratégie est de donner moins de moyens à ces entreprises pour petit à petit, diminuer notre dépendance aux énergies fossiles et baisser nos rejets de gaz à effet de serre (GES).

Origine et but de ce désinvestissement

Ce mouvement s’inscrit dans la liste d’actions possibles pour respecter les accords pris en 2015, lors du sommet des nations unies sur le changement climatique (la Cop 21 de Paris) : limiter l’augmentation de la température mondiale de moins de deux degrés (C°). Selon leurs estimations, respecter cette limite est possible uniquement si 60 à 80% des combustibles fossiles encore disponibles restent enfouis. Si ce scénario est respecté, cela représenterait une perte de 40 à 60% pour les investisseurs dans ces énergies. Pour avoir un impact significatif sur le climat, il est possible d’agir sur les pratiques qui favorisent le plus le changement climatique ; on y retrouve notamment le fait de bruler de manière incontrôlée des combustibles fossiles (le charbon, le pétrole et le gaz naturel). Pour exploiter ces gisements, les sociétés en charge de prélever ces ressources ont besoins d’être financées via des investissements. Elles peuvent les obtenir soit par fonds d’actions, soit par les banques. Pour baisser leurs activités, le mouvement vise à inciter les investisseurs à abandonner leurs placements dans l’industrie des énergies fossiles en compressant les flux financiers en direction de l’industrie de ces énergies. Mais, bien que le nombre d’investissement ait grandement baissé, il semble que leur rentabilité boursière ne soit pas encore affectée.

Pourquoi cette contradiction ?

La stratégie proposée est de réduire l’accès au capital provenant des fonds de placement pour les producteurs d’énergie fossile. Cet accès limité devrait accroître les coûts de production qui, dans un second temps, augmenterait les prix payés par les consommateurs. La solution à cette hausse des prix serait de baisser notre consommation de ces énergies et de se tourner vers des alternatives renouvelables. Concernant l’efficacité d’une telle stratégie : le pétrole est la matière première dont dépendent encore presque totalement tous les modes de transport, on peut notamment citer les avions, trains et navires. Le but recherché est que les institutions qui utilisent cette matière première se départissent des titres financiers des géants mondiaux comme Exxon Mobil, Shell, Total.

Entreprises privées et entreprises d’Etat

Cependant, ces entreprises privées, bien que très importantes en taille, sont devancées par des entreprises d’État en termes de production pétrolière. Par exemple, en 2018, les pays membres de l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole (OPEP) ont fourni 41,5 % de la production mondiale et les entreprises des états non membres de l’OPEP comme la Russie, la Chine, le Mexique et le Brésil ont fourni 21,1 %. Les entreprises d’État de ces pays membres et non membres de l’OPEP ne vendent pas d’actions pour se financer. Il n’y a donc pas de désinvestissement populaire possible. La stratégie proposée les avantagerait donc par rapport à leurs concurrents privés. La stratégie de pénaliser les producteurs privés de pétrole pour réduire les émissions de GES est inefficace et détourne l’attention de la véritable cause de leurs émissions qui est la demande de services fournis par les énergies fossiles : les producteurs d’énergies fossiles existent parce qu’il y a une demande pour leurs produits. Pour baisser les émissions de GES, il faut soit réduire cette demande, soit la satisfaire en s’appuyant sur des sources d’énergie différentes.
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