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Cyril Vidal : « Crosscall est désormais un groupe avec des filiales »

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Refrance a pu interviewer Cyril Vidal, le Président de Crosscall, groupe aixois de téléphonie mobile. Réputé pour ses téléphones résistants, avec une batterie particulièrement endurante, le groupe est en train de développer un projet de relocalisation de la production en France et en Europe à horizon 2025. Cyril Vidal nous dévoile dans cette interview exclusive les contours de l’avenir du groupe.

Refrance : Historiquement, Crosscall est une entreprise française, basée à Aix-en-Provence, qui fabrique ses téléphones en Chine. Pourquoi avoir fait ce choix au départ ?   

Cyril Vidal : Crosscall a été créé en 2009. A cette époque nous sommes partis de rien et n’avions pas les moyens de développer notre propre appareil industriel. Il nous fallait donc trouver des partenaires pour produire les produits que nous concevions. Il se trouve que les seuls acteurs qui à l’époque étaient ouverts à produire pour d’autres se trouvaient en Asie et notamment en Chine. Par ailleurs, à l’époque les conditions pour produire en France selon un modèle économique viable, n’étaient pas encore réunies.  

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Refrance : Vous avez annoncé vouloir relocaliser en France la fabrication de vos téléphones en décembre dernier, et plus précisément autour d’Aix-en-Provence. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Cyril Vidal : Dans un contexte où de toute façon les coûts de production en Asie ont fortement augmenté et vont continuer à augmenter, nous faisons effectivement le choix d’internaliser et de relocaliser progressivement plusieurs segments de notre activité industriel. Les finalités de cette démarche sont multiples :

  • Proposer en lien avec nos partenaires français et nos clients, des solutions de télécommunication mobile plus souveraines 
  • Elaborer et produire des terminaux dédiés à des marchés encore plus spécifiques (sécurité, défense, sanitaire, logistiques, éducation…) 
  • Mieux maitriser la qualité produit et la chaine des valeurs de Crosscall
  • Faire monter en puissance notre capacité d’Innovation notamment en matière d’écoconception 
  • Développer un écosystème créatif et productif à l’échelle nationale et européenne
  • Se donner les moyens de reconditionner nous-même nos produits afin de les remettre sur le marché pour une seconde vie 

Refrance : Vous parlez même de créer une « electronic valley » avec tous les partenaires qui le souhaitent. Avez-vous déjà identifié des entreprises françaises qui allaient vous accompagner dans cette relocalisation ?  

Cyril Vidal : Il est clair que produire un smartphone et même des accessoires reste un processus industriel complexe qui implique une multiplicité de fournisseurs, de composants ou de services. Même si nous ne pouvons pas citer de noms à ce stade, nous sommes donc effectivement en discussion avec plusieurs partenaires français et européen de différentes importances, que ce soit dans la plasturgie, la logistique ou les semi-conducteurs.

Il s’agit de constituer autour de Crosscall, une supply chain la plus complète possible d’ici 2025 même si nous savons aussi qu’à ce stade toute ne pourra pas se faire en France ou en Europe sachant qu’aujourd’hui les entreprises asiatiques et américaines ont le monopole de la production de certains composants mais aussi des systèmes d’exploitation des terminaux mobiles 

Refrance : Crosscall, c’est des téléphones innovants, résistants, avec beaucoup de brevets. Avez-vous peur que des sous-traitants étrangers vous volent votre propriété intellectuelle ? 

Cyril Vidal : Peur n’est pas le mot. En revanche, nous développons une politique de protection de notre propriété intellectuelle et de cybersécurité afin de prévenir de risque et nous protéger au mieux.  

Refrance : Crosscall, c’est aujourd’hui uniquement la téléphonie. Avez-vous prévu d’investir de nouveaux segments de marché ? Dans l’électronique ou au-delà ?  

Cyril Vidal : Crosscall est désormais un groupe avec des filiales qui visent à promouvoir de nouvelles idées et à diversifier son activité. 

Nous avons déjà lancé à travers un nouvelle société baptisée Mila, une activité dans la construction modulaire et le mobilier adapté. Pour une première année d’exercice, c’est une réussite avec notamment l’obtention de plusieurs marchés importants. Nous avons également créé Endonora qui développe une application permettant d’accéder où que vous soyez via votre mobile, à des parcours de remise en forme dans la nature et même en milieu urbain. Malgré la situation sanitaire qui ces deux dernières années était peu favorable à ce type d’activité, nous avons déjà fidélisé un nombre significatif de clients. Nous espérons une montée en puissance cette année.   

Et prochainement, nous lancerons Voldoizo, une marketplace de proximité dédiée aux petits commerçants des centres ville afin de leur permettre de lutter à armes égales mais de façon vertueuse contre les grandes marketplace et les dark-shop qui sont en train d’organiser un dumping social mortifère dans nos villes. Ce projet est totalement révolutionnaire. Je vous donne rendez-vous à son lancement pour vous en dire plus.  

Refrance : Aujourd’hui, qui sont les actionnaires de Crosscall ? Les fondateurs ? Les salariés ? Amundi ? D’autres acteurs ? 

Cyril Vidal : Notre capital est 100% français et contrôlé en majorité par un pacte que je pilote avec mes associés et dans lequel les salariés sont largement partie prenante. L’idée est de conserver cette maîtrise et même qu’à l’avenir, elle devienne totale 

Refrance : Pour réussir à fabriquer vos téléphones en France, il faudra des usines. Quels leviers seront mobilisés pour ces investissements : subventions du plan de relance ? Emprunts bancaires ? Augmentation de capital ?  

Cyril Vidal : Nous allons investir des fonds propres mais aussi demander des contreparties publiques, que ce soient des avances remboursables ou des subventions. Pour mémoire, France Relance a déjà soutenu à hauteur de 800 000€ le développement de notre laboratoire internalisé de conception, test et prototypage, qui constitue la première étape de notre projet de relocalisation et est d’ores et déjà opérationnel depuis fin 2020.

Refrance : Est-ce que Crosscall réfléchit à une IPO ?  

Cyril Vidal : Non, l’idée n’est pas de spéculer mais de créer une dynamique industrielle, de l’intelligence économique, de la richesse et des emplois en reconditionnant et en produisant.

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